La Wallonie avait réalisé un tour de force avec la régionalisation des aides Activa, dont elle avait hérité dans le paquet Emploi de la 6e réforme de l’État.
En effet, le système Impulsion prenait bien en compte la faiblesse du profil moyen du chômeur wallon en mettant en place des mécanismes spécialement dédiés aux jeunes et aux chômeurs de longue durée (puis, plus tard, de très longue durée). De plus, ce système mettait fin à l’effet pervers du système Activa en ne prévoyant plus de durée minimum avant de pouvoir y être éligible. Il supprimait ainsi un des grands pièges à l’emploi de ce vieux système fédéral. Chapeau !
Les résultats ne se firent pas attendre. Et le secteur du travail intérimaire, premier employeur de ces publics plus fragiles, en fût le premier récipiendaire.
Même si de multiples études du Forem vinrent confirmer les études de Federgon attestant du rôle positif de l’intérim dans cette insertion des publics fragilisés, elle suscita l’ire syndicale.
Un conclave budgétaire régional wallon décida en octobre 2022, pour des motifs « budgétaires », de requérir l’exigence d’un contrat d’emploi d’au moins deux mois, à compter du 1er juillet 2023, pour pouvoir bénéficier d’Impulsion. Le cabinet de la ministre régionale de l’Emploi ne cacha pas à Federgon les motivations idéologiques que ce projet sous-tendait. Et rien n’y fit, malgré la présentation des faits évidents, par Federgon, ses membres, l’Union Wallonne des Entreprises, etc.
Il est des travers dont il est difficile de sortir, même face à l’évidence des chiffres.
Impulsion portera un peu plus mal son nom en n’offrant plus autant d’impulsion aux bénéficiaires. Or, le chômage wallon n’a pas (encore) changé de visage.
Il ne s’agissait pas d’un « effet d’aubaine », il ne s’agissait pas de savoir comment se partageaient les fruits de cette non-dépense (en coût salarial) que générait ce coup de pouce au demandeur d’emploi, mais de regarder une réalité en face : une entreprise engage plus facilement un public précaire pour une semaine que pour deux mois.
Federgon s’est vu dire que cette assertion serait battue en brèche par les faits et que la mesure ferait l’objet d’un suivi permettant de démontrer que les employeurs n’hésiteraient pas à recruter ces personnes pour des durées plus longues.
Sans vouloir être oiseau de malheur et souhaiter le pire à ces demandeurs d’emploi, Federgon reste extrêmement dubitative et craint que les « apprentis chimistes » du marché de l’emploi poursuivent des expériences aux dépens des personnes dont ils ont, en premier, la charge. Mais qui les sanctionnera si la promesse n’est pas tenue ? Ainsi en va-t-il des mesures politiques. Regrettons que les analyses du Forem n’aient pas été jugées crédibles et que la discussion n’ait pu s’engager pour préserver l’essence d’un dispositif qui pouvait faire la fierté de la Wallonie.