Livre de bord de la direction, jeudi 12 mars - 22h13 : nous n’attendons pas les instructions du Conseil national de sécurité pour convenir d’une feuille de route avec nos collaborateurs. Consignes : travaillez le plus possible de chez vous, ne venez pas au bureau si vous n’y êtes pas obligé(e), organisez au maximum vos rendez-vous par vidéoconférence, ou bien demandez aux collègues qui doivent encore aller au bureau de prendre le relais. D’autre part, pas de poignées de mains et respectez les distances de sécurité.

Livre de bord de la direction, vendredi 13 mars : est-ce que c’est parce que nous sommes le vendredi 13 ou bien est-ce à cause du coronavirus ? Les files sur la route, d’ordinaire si encombrée, ont tout à coup diminué de moitié, voire plus. Les clients ne réagissent pas ou à peine, les candidatures sont à l’arrêt, les offres d’emploi sont mises en attente. Tout va très vite subitement. Cela préfigure-t-il quelque chose de beaucoup plus grave ?

Livre de bord de la direction, dimanche 15 mars : les règles communiquées jeudi soir restent d’application sans changement, excepté une qui est encore renforcée. Tout le monde travaille obligatoirement à la maison. D’autre part, nous lançons la procédure de demande de chômage temporaire. Nous espérons ne pas en avoir besoin, mais mieux vaut jouer la carte de la sécurité.

Livre de bord de la direction, jeudi 19 mars - 13h00, vidéoconférence avec l’équipe : le coronavirus fait mal. Ces derniers jours, il est apparu clairement que les entreprises ne songent plus à engager ni les candidats à postuler, à quelques exceptions près. Tout le monde ne se préoccupe que d’une chose : (sur)vivre après le corona. Nos collaborateurs sont inquiets, tant pour le court que pour le long terme. Nous décidons d’évaluer la situation une fois par semaine et leur garantissons qu’ils peuvent travailler jusqu’au mercredi 25 mars inclus ; nous réévaluerons la situation à ce moment-là. Nous convenons également de rappeler chacun(e) personnellement après la vidéoconférence.

Livre de bord de la direction, jeudi 19 mars après-midi : lors des entretiens individuels après la vidéoconférence, tous les collaborateurs demandent spontanément à être mis le plus rapidement possible en chômage temporaire parce qu’ils n’ont plus de travail. Ils entendent ainsi apporter leur contribution aux économies à réaliser afin d’assurer l’avenir, c’est un beau geste. Mais, avant cela, tout le monde promet de mettre en ordre les dossiers en cours afin que nous puissions nous-mêmes prendre le relais. Ainsi, cela nous évite de devoir prendre des décisions drastiques, heureusement !

Livre de bord de la direction, lundi 23 mars - 08h00 : comme tous les collègues sont en chômage temporaire, à l’exception des deux propriétaires/dirigeants, je passe en revue moi-même les candidatures qui sont rentrées.

Livre de bord de la direction, lundi 23 mars - 08h10 : fin du traitement des candidatures qui viennent de rentrer. C’est rapide, trop rapide. Allez, attaquons avec courage les suivis que les collègues n’ont pas pu assurer.

Livre de bord de la direction, lundi 23 mars - 10h00 : les suivis sont faits, je n’ai pas pu joindre grand monde. Presque partout la même réponse, on attend l’après-corona.

Livre de bord de la direction, lundi 23 mars - 10h00 jusqu’à … : il y a tout de même encore des lueurs d’espoir, et nous nous y raccrochons :

• Un client invite un candidat pour un entretien par vidéoconférence. Très vite après ce premier entretien, un deuxième est confirmé, par vidéo également. C’est une entreprise internationale, qui est habituée à recruter de cette manière ; pour eux, cela ne change pas grand-chose.
• Un client envoie une intention de conclure à un candidat avec une proposition salariale, et le candidat accepte. Début de la mission : le jour 1 de l’après-corona. Contrairement aux dispositions habituelles, le client dit que nous pouvons déjà envoyer notre facture. Nous ne le faisons pas, mais nous apprécions le geste.
• Voici un nouveau client qui arrive, par le bouche-à-oreille. Une entreprise du secteur de l’industrie alimentaire ; là, on continue à travailler bien sûr. Le hasard fait que nous venons justement de parler avec un candidat, dont le profil colle parfaitement. Le premier (et seul) entretien est déjà programmé. Cela pourrait aller vite.
• Certains clients sont tout de même encore activement à la recherche de candidats pour leurs postes à pourvoir, et nous sommes bien entendu là pour traiter leurs demandes.

D’autre part, nous travaillons d’arrache-pied afin de préparer notre organisation pour l’‘après-corona’ et faire en sorte qu’elle se présente dans sa meilleure version : nous faisons, au sens figuré, un grand nettoyage, planchons sur notre plan de marketing et de communication, (re)prenons des formations, (ré)examinons les coûts, … Nous faisons ce que nous pouvons pour continuer à faire tourner l’économie, et nous mettons surtout tout en œuvre pour être prêts, après cette crise du coronavirus, à collaborer pleinement à la reconstruction de notre économie !