Le 22 août dernier, le ministre wallon de l’Economie et de l’Emploi, Pierre-Yves Jeholet, ainsi que 21 fédérations sectorielles et fonds sectoriels, dont Federgon, ont signé un protocole d’accord ouvrant de nouveaux axes dans la lutte contre les pénuries de main-d’œuvre sur le marché de l’emploi wallon.
Touchant une multitude de secteurs depuis de nombreuses années, ces pénuries sont avant tout la manifestation de l’inadéquation entre l’offre et la demande de travail. Pourquoi l’appariement est-il plus difficile sur le marché du travail que sur d’autres marchés ? Deux raisons peuvent l’expliquer : la difficulté d’anticiper l’évolution quantitative des besoins de main-d’œuvre et l’évolution des métiers et fonctions. Ces deux éléments sont à mettre en relation avec la lenteur innée, et particulièrement significative, de nos systèmes d’enseignement et de formation.
Le protocole d’accord du ministre Jeholet comprend trois mesures fortes : la réforme du Plan Formation Insertion (PFI), la mise en place d’un incitant financier à la formation aux métiers en pénurie et l’instauration de l’action ‘Coup de poing pénurie’. Avec une ambition simple : renverser la vapeur et instaurer une dynamique vertueuse.
Federgon s’en réjouit et est pleinement en phase avec ce protocole. Depuis de nombreuses années, la fédération pointe le problème des pénuries de main-d’œuvre et est demandeuse de telles mesures. Le Fonds de formation du secteur de l’intérim et le Fonds de formation sectoriel Titres-services allouent d’ailleurs, depuis leur origine, quasi 100% de leur budget à des formations dont l’objectif est de contrer le phénomène.
Néanmoins, Federgon ne se fait pas d’illusions. Bien plus qu’à un protocole d’accord, c’est à un changement radical global qu’il faut procéder. Et ces mesures seules ne pourront résoudre le problème. Notre économie passe par une agilité, une volonté positive de l’ensemble de la société de se mettre à l’écoute des besoins des entreprises. De l’enseignement à l’entreprise, sans omettre la responsabilité individuelle, il faut progresser dans la voie d’un meilleur appariement de l’offre et de la demande, dans le respect de chacun. L’heure n’est plus à l’étude de ce phénomène mais au renversement des logiques d’action.
Les entreprises ne pourront éternellement se contenter de pis-aller. Quand les pénuries s’installent, les entreprises détalent ou cherchent leur main-d’œuvre dans d’autres réservoirs, principalement à l’étranger. Délocalisation, sous-traitance, permis de travail et automatisation accélérés pourraient rapidement se présenter comme les seules alternatives possibles. Attention, danger.