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Opinion - La flexibilité dans les soins de santé n’est pas une menace, mais fait partie de la solution

Ces derniers jours, le débat sur le travail flexible dans les soins de santé a refait surface. Dans De Morgen, le secteur de l’intérim a été présenté sous un jour négatif sur la base de quelques cas individuels. C’est regrettable, car cela ne rend pas justice aux nombreux professionnels de la santé qui, via le travail intérimaire, contribuent chaque jour à des soins de qualité, et cela ignore les efforts des agences d’intérim qui respectent les règles.

De plus, certains pensent que chaque soignant recherche un contrat fixe, de préférence dans un seul et même environnement de travail. Cela ne correspond tout simplement pas à la réalité. Les nouvelles générations d’employés, mais aussi un nombre croissant de professionnels expérimentés, souhaitent plus de variété dans leur travail et la possibilité d’acquérir différentes expériences. Cela fait partie d’une évolution sociétale plus large. Les entreprises qui organisent le travail flexible sont plutôt une conséquence qu’une cause de cette tendance. En offrant la flexibilité recherchée par de nombreux travailleurs, elles contribuent justement à rendre la profession de soignant plus attrayante.

La réalité est que notre secteur des soins souffre aujourd’hui d’une pénurie structurelle de personnel. La demande de personnel au chevet augmente, tandis que l’afflux de nouveaux employés est insuffisant. Dans ce contexte, la flexibilité n’est pas un luxe, mais un maillon nécessaire pour maintenir le système de soins en fonctionnement. Les hôpitaux, qui affichent en moyenne un taux d’occupation de 90 %, ne peuvent se permettre une sureffectif permanent. Une équipe flexible bien organisée autour d’un noyau fixe permet d’absorber les pics sans compromettre la qualité.

La flexibilité n’est d’ailleurs pas seulement dans l’intérêt des établissements de soins. De nombreux soignants demandent eux-mêmes plus de liberté de choix quant au lieu, au moment et à la manière dont ils travaillent. Les infirmiers en Belgique travaillent en moyenne 25 heures par semaine, alors que beaucoup sont prêts à prester plus d’heures à condition que cela puisse se faire de manière flexible. Aujourd’hui, seuls 3 % de tous les soignants et infirmiers travaillent sous un autre statut que le contrat fixe classique – à peine une fraction de la part aux Pays-Bas, où cela représente environ 15 %. Permettre plus de flexibilité pourrait justement mieux soutenir le personnel fixe et alléger la pression sur l’équipe de soins.

Les entreprises qui organisent le travail flexible ne sont donc pas la cause des problèmes actuels de personnel, mais font partie de la solution. Le contrat d’intérim à durée indéterminée peut, à cet égard, être un véritable atout. Dans un tel contrat, le collaborateur bénéficie d’une sécurité financière, du paiement du salaire entre les missions, et de la possibilité de combiner divers projets dans différents établissements de soins. Ce modèle offre en même temps aux établissements de soins une continuité et la possibilité de travailler avec des professionnels bien formés, habitués à plusieurs contextes de travail. Cela montre que flexibilité et sécurité ne doivent pas être opposées, mais peuvent au contraire se renforcer mutuellement. Bien entendu, les entreprises qui organisent la flexibilité demandent une rémunération raisonnable pour cela.

Comme un boulanger ne fait pas son pain gratuitement, les agences d’intérim investissent également du temps et des moyens dans la sélection, le recrutement et la formation. L’image selon laquelle le travail intérimaire s’accompagne de frais de reprise astronomiques n’est pas correcte. Après un certain nombre d’heures prestées, il est tout à fait possible pour le collaborateur et l’établissement de soins de continuer directement ensemble. En outre, en tant que secteur des prestataires de services RH, nous plaidons depuis un certain temps pour entamer un dialogue avec les fédérations de soins afin de fixer des principes communs dans un code de conduite. Nous souhaitons établir un cadre d’accord tripartite entre les fédérations de soins, les autorités et le secteur de l’intérim. Un tel cadre peut fixer des garanties de qualité, promouvoir la transparence et exclure les abus. Ce n’est qu’au moyen d’accords clairs que nous pourrons bannir les “cowboys” du marché et miser ensemble sur des formes durables et de qualité de flexibilité, adaptées aux défis des soins de demain.

L’appel est simple : assumons nos responsabilités et collaborons à un cadre d’accord clair et équitable. Car la flexibilité, bien organisée, n’est pas une menace pour les soins et leurs collaborateurs, mais peut justement être un atout.

Andreas Valkiers
Directeur des Affaires Publiques Federgon

 

 

Directeur des Affaires Publiques