Transition et outplacement
L'économie belge est aujourd'hui durement touchée. Ces derniers mois, plusieurs grands noms ont annoncé des restructurations, voire des faillites. En même temps, notre marché du travail reste confronté à d’énormes pénuries. Certaines régions approchent du plein emploi, mais le nombre de postes vacants reste très élevé. C'est le moment idéal pour proposer une nouvelle vision du licenciement et des transitions. La vision d’une société qui donne la priorité à la sécurité de carrière.
L'économie belge est aujourd'hui durement touchée. Ces derniers mois, plusieurs grands noms ont annoncé des restructurations, voire des faillites. La faillite de Van Hool fait grand bruit sur la scène politique, mais en l'espace de deux mois, Barry Callebaut, Celanese, Audi Brussels, Bristol et Esprit ont à leur tour annoncé une restructuration ou une faillite imminente. Au cours des trois premiers mois de 2024, pas moins de seize entreprises ont communiqué leur intention de lancer une procédure de licenciement collectif et d'activer la loi Renault.
Pour de nombreux travailleurs, ces derniers mois ont donc marqué le début d'une période d'incertitude totale. Ils attendent dans l’appréhension tandis que la concertation sociale se poursuit. Les partenaires sociaux mettent tout en œuvre pour sauvegarder un maximum d'emplois ou faire en sorte que les personnes qui seront licenciées puissent partir dans les meilleures conditions. Mais l'incertitude du chômage, elle, demeure. Notre modèle actuel, en cas de restructuration, consiste à laisser les gens partir avec une indemnité de licenciement et beaucoup d'incertitude quant à leur avenir. Et ce, alors que l’opportunité de débuter un trajet de transition adéquat, permettant au travailleur concerné de prendre réellement le contrôle de sa carrière, est à portée de main.
Les pénuries sur le marché du travail continuent aujourd'hui à faire rage. Le nombre de postes vacants qui ne trouvent pas preneur est toujours élevé et le restera probablement. Les entreprises sont désespérément à la recherche de talents. Et dans de plus en plus de régions, notre marché du travail se rapproche progressivement du plein emploi, comme l’écrivait récemment encore l'expert du marché de l'emploi, Jan Denys. La réserve de demandeurs d'emploi s'épuise. C'est pourquoi nous mettons de plus en plus l'accent sur un accompagnement efficace des personnes licenciées, afin de réduire au minimum la période d'incertitude : par le biais d'un accompagnement en outplacement, les prestataires de services RH sont prêts à guider les gens vers une nouvelle entreprise, une nouvelle fonction ou un tout autre secteur. L'employeur qui invoque un licenciement collectif doit aider les travailleurs à reprendre le contrôle de leur carrière et de leur vie en les accompagnant vers un nouvel emploi. Donner à la personne licenciée la possibilité de bénéficier des conseils de professionnels qui vont l'aider à définir ses objectifs de carrière et lui permettre de participer à un ou plusieurs programmes de formation ou de recyclage, peut ouvrir pour cette personne la voie à de nouvelles opportunités, en effaçant du même coup l'incertitude consécutive au licenciement. L'outplacement a déjà fait ses preuves au cours des dernières décennies et s'est affirmé comme un service capable de produire d’excellents résultats. Cependant, les prestataires de services ne peuvent intervenir que trop tard. Ce n’est qu'après l'annonce du licenciement (collectif) que le travail de réorientation des travailleurs peut débuter. Donc quand l'incertitude a déjà commencé son travail de sape.
Ceci nous amène au concept du trajet de transition : depuis peu, les travailleurs licenciés ont la possibilité de mettre à profit leur période de préavis pour explorer un autre environnement de travail en guise de tremplin vers un nouvel emploi. Maintenant que les premiers trajets de transition ont commencé en Belgique, nous avons fait un pas de plus vers la réduction des incertitudes liées au licenciement. Dès la période de préavis, il est désormais possible pour la personne concernée de bénéficier de nouvelles opportunités, de suivre de nouvelles formations ou de tester de nouveaux environnements de travail. Le délai de préavis devient ainsi une période qui peut permettre au travailleur licencié de reprendre la maîtrise de sa carrière, souvent sans devoir passer un seul jour dans l'incertitude du chômage Mais ici encore, on se situe dans une phase postérieure au licenciement.
Pourquoi attendre que le couperet du licenciement (collectif) tombe ? Notre marché du travail a besoin d'instruments qui anticipent les licenciements et qui puissent accélérer les transitions d'un emploi à un autre. Lancer les trajets de transition alors même qu'il n'est pas encore question de licenciement offre aux travailleurs la possibilité de chercher de nouvelles opportunités avant que les décisions difficiles, qui vont de pair avec une restructuration ou une faillite, ne doivent être prises. Offrir aux gens un accompagnement professionnel approprié au cours de leur carrière augmente leur résilience et leur permet de mieux orienter leur carrière professionnelle en fonction de leurs souhaits et de leurs besoins. En assurant des transitions directes entre les emplois, nous ne gaspillons plus un temps précieux et des compétences tout aussi précieuses. À terme, le licenciement comme le chômage appartiendront complètement au passé.
Grâce à un modèle solide qui favorise les transitions entre les emplois, nous remplaçons de plus en plus la sécurité de l'emploi par la sécurité de carrière. De cette manière, nous misons sur la prévention plutôt que sur la remédiation. Nous travaillons ainsi avec un modèle qui permet d'anticiper les licenciements et de rechercher des opportunités de manière proactive. Nous créons un marché du travail où chacun peut avoir et saisir toutes les opportunités. Le moment est venu d'évoluer vers un modèle qui prévoit des transitions directes entre les emplois. Un tel modèle est bien entendu profitable pour l’ensemble des parties concernées. Le filet de sécurité de l'aide sociale devient de plus en plus un dernier recours, ce qui est également bon pour les finances publiques. Dans le contexte actuel de pénurie sur le marché de l'emploi, c’est le moment idéal pour fédérer autour d’une nouvelle vision. La vision d’une société qui donne la priorité à la sécurité de carrière. La vision d’une société sans licenciement.