L’activation des demandeurs d’emploi de longue durée et l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi issus de l’immigration et des inactifs : ce sont là deux défis colossaux auxquels notre marché du travail se trouve confronté, pour ne citer que ceux-là. Deux études mettant le doigt sur ces défis ont été publiées début 2020 : une étude de ‘l’Onderzoeksinstituut voor Arbeid en Samenleving’ (HIVA) de la KU Leuven et le monitoring socio-économique bisannuel du Centre interfédéral pour l’égalité des chances Unia et du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale. Ces deux études montrent que les demandeurs d’emploi de longue durée ainsi que les personnes issues de l’immigration travaillent principalement par le biais de l’intérim. Néanmoins, il est étrange de constater une nouvelle fois que ce fait même est vu comme un problème dans les deux publications.
Pourquoi ? Ne pas travailler est-il donc mieux que travailler comme intérimaire ? La meilleure option est tout de même bien de mettre et de maintenir au travail les demandeurs d’emploi plus difficiles à placer ? Il est ensuite de la responsabilité de tous les partenaires concernés de veiller conjointement à ce que ces personnes puissent continuer à se développer et à maintenir leur employabilité. Mais, faciliter l’accès au marché du travail par un effet d’abaissement du seuil, c’est clairement le mérite du travail intérimaire.
L’étude de profil de Federgon montre qu’au cours d’une carrière, il y a toujours des moments où l’intérim peut offrir une issue. En tant que lubrifiant du marché du travail, le travail intérimaire a avant tout pour vocation de jouer un rôle d’instrument de transition. L’intérim est une passerelle vers l’emploi. La crise Corona actuelle aura certainement encore des répercussions importantes sur le marché du travail dans la période à venir, et dans ce contexte, le rôle du travail intérimaire en tant qu’instrument de transition revêtira une importance encore plus grande. Un certain nombre de personnes passeront (devront passer) d’une entreprise à une autre, d’un secteur ou d’un métier à un autre, et ce quelle que soit leur situation professionnelle de départ : demandeur d’emploi, travailleur en activité, personne inactive, étudiant, pensionné, … Le travail intérimaire est par excellence l’instrument qui peut jouer ce rôle d’instrument de transition sur le marché du travail.
Cela n’empêche pas qu’aider les personnes difficiles à placer à trouver du travail constitue un défi. Ces personnes ont souvent besoin d’un soutien et d’un accompagnement supplémentaires pour pouvoir franchir le cap suivant sur le marché de l’emploi. Et en tant que secteur de l’intérim, nous avons, avec les autres partenaires du marché du travail, la responsabilité sociétale de les y aider. Dans ce contexte, il est important que le travail intérimaire ne soit pas considéré comme une partie du problème, mais comme une partie de la solution. C’est là un présupposé indispensable pour mettre en œuvre des solutions constructives qui profiteront à la fois aux demandeurs d’emploi, aux employeurs et aux autorités publiques.
Si nous voulons véritablement réaliser une activation efficace et relever le taux d’activité de manière substantielle, tous les partenaires du marché du travail devront collaborer. Ce n’est que si chacun apporte sa pierre à l’édifice que nous pourrons atteindre l’inclusion à laquelle tout le monde aspire et que nous pourrons ensuite faire en sorte qu’un maximum de gens soient capables de franchir le cap suivant dans leur carrière.
Paul Verschueren, Director Research & Economic Affairs chez Federgon.