Les employeurs du secteur des titres-services, tant marchand que non marchand, tirent la sonnette d'alarme. Alors que le prix du titre-service, selon les régions, est resté inchangé depuis plus de dix ans ou a été récemment augmenté de 1€, les coûts pour les employeurs ont fortement augmenté. Ceci ressort également d’une étude réalisée par Graydon. « Le secteur est au bord de l'effondrement. De plus, l’absence d’un financement raisonnable est préjudiciable aux aides-ménagères elles-mêmes, et ce n’est pas ce que nous voulons », déclarent les fédérations patronales Federgon, Zorggezind et Vlaams Platform Dienstencheques (Plateforme flamande titres-services). Aujourd'hui, les fédérations patronales de Wallonie, de Bruxelles et de Flandre demandent unanimement que la valeur du titre-service soit augmentée de cinq euros avec effet immédiat. « La situation dans le secteur des titres-services est franchement alarmante. Tant à Bruxelles qu'en Flandre et en Wallonie, il est urgent d’intervenir sous peine de voir le secteur et l'ensemble du système des titres-services imploser », déclare Karel De Groeve, président de la Vlaams Platform Dienstencheques.
Objectifs initiaux
Lors de la création du système, les secteur des titres-services s'est vu assigner par le gouvernement trois objectifs : 1) offrir des opportunités aux personnes très éloignées du marché du travail ; 2) assurer un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les utilisateurs ; 3) réduire le travail au noir. Bien que les objectifs n'aient pas changé jusqu'à aujourd'hui, nous ne sommes plus en capacité, en tant que secteur, de les garantir en offrant la qualité souhaitée.
Une perspective durable
Le secteur des titres-services en Belgique emploie plus de 150 000 aides-ménagères. Grâce au système des titres-services, plus d’un million de citoyens bénéficient d'une aide au ménage à un prix abordable. « Pour 20 % des ménages qui travaillent, cela signifie plus de temps pour le travail, les loisirs, les soins aux proches, ... et dans le même temps, les aides-ménagères ont un emploi à part entière et acquièrent des droits sociaux », explique Ann Demeulemeester, CEO de Familiehulp. « Le gouvernement a créé ce système il y a vingt ans, mais n’a pas pris de mesures pour le renforcer. En conséquence, les moyens de fonctionnement sont devenus tout à fait insuffisants. Il est urgent d'agir, sans quoi les entreprises vont commencer à réduire leurs activités, voire mettre la clé sous la porte. »
Au moins la moitié des entreprises sont déficitaires
Graydon Creditsafe a réalisé, à la demande des organisations patronales, une analyse financière du secteur des titres-services. Celle-ci montre notamment que la moitié des entreprises titres-services sont aujourd'hui déficitaires. Et ce nombre d'entreprises dans le rouge ne cesse de croître, alors que les entreprises bénéficiaires voient, quant à elles, leurs marges se réduire. La cause est claire : le coût horaire d’une aide-ménagère a fortement augmenté ces dernières années, alors que le prix du titre-service n'a pas été suffisamment revalorisé. En Flandre, par exemple, les utilisateurs paient le même prix pour un titre-service depuis 2014 : 7,20 euros par titre, après déduction fiscale. Pendant ce temps, les salaires sont indexés, les réglementations se multiplient, l'absentéisme s’accroît et la pénurie de main-d’œuvre pèse sur l’activité. Les coûts connaissent une hausse rapide et forte, mais la compensation pour les employeurs ne suit pas. À Bruxelles le prix a certes augmenté d’un euro mais il est intégralement affecté au budget régional. En région wallone l'euro annoncé au premier janvier '24 s'accompagne immédiatement d'obligations supplémentaires entraînant un surcoût qui dépasse largement ce montant.
« Le secteur des titres-services peut aujourd'hui être considéré comme l'un des secteurs les moins performants de notre économie », estime Eric Van Den Broele, directeur Recherche et Développement chez Graydon Creditsafe Belgium. « En outre, les chiffres montrent que le secteur n'est pas du tout armé pour résister aux chocs et qu'il ne survivra pas à une nouvelle crise ».
Opportunités pour les aides-ménagères
« Outre la dimension économique, le système des titres-services comporte également une dimension sociale importante », souligne Karin Van Mossevelde, directrice générale de i-mens. « En bon employeur, je veux pouvoir continuer à former nos travailleurs, à leur fournir un encadrement de qualité sur le terrain et au-delà, à favoriser leur développement personnel dans la mesure du possible... mais, en raison du manque de marge financière, il est actuellement très difficile de continuer à offrir tout cela. Dans ce contexte, le système des titres-services est aujourd'hui devenu un service de confort à bon marché, et rien de plus. Ce n'est pas le modèle que nous défendons ».
Augmenter immédiatement de cinq euros la valeur d’échange du titre-service
Ann Cattelain, CEO de Federgon, réclame une solution urgente. Les employeurs demandent que la valeur d’échange du titre-service soit augmentée sans délai de cinq euros par titre. Ce faisant, ils s'adressent non seulement aux responsables politiques, mais aussi aux utilisateurs des titres-services. « Le moment choisi pour lancer cet appel ne doit rien au hasard. Les discussions budgétaires sont en cours, et nous espérons que la demande du secteur des titres-services va figurer au menu. Dire qu'il n'y a pas de marge reviendrait de facto à accepter un blocage total du secteur et à opter pour un démantèlement du système », souligne Ann Cattelain.
Le dossier des titres-services demande une solution immédiate et ne peut pas être renvoyé à l’après élections. « Combien d’efforts allons-nous devoir encore déployer pour faire entendre notre cri d’alarme et faire comprendre que des milliers d'emplois sont menacés et que de nombreuses familles risquent de perdre leur aide-ménagère ? Nous comptons sur le bon sens de nos responsables politiques et nous sommes prêts, avec tous les employeurs du secteur des titres-services, à collaborer de manière constructive pour parvenir à une solution. Et il y a des solutions. Ainsi, une augmentation du prix pourrait être une piste. Les consommateurs sont prêts à payer plus, comme le montrent des enquêtes antérieures, mais c'est aux ministres d’assumer leurs responsabilités et de prendre des décisions », insiste encore Ann Cattelain.
Contact :
Ann Cattelain, CEO de Federgon, Network for work, 0477 89 56 29
Stefaan Berteloot, Directeur de Zorggezind, 0493 31 88 85
Karel Hubau, Vlaams Platform Dienstencheques, 0475 81 11 02